Lucie et Nicolas cultivent des noyers en Dordogne et proposent de délicieux cerneaux de noix, une huile de pression à chaud aux saveurs de noix fraîche légèrement torréfiée et de la farine qui se dévore à la petite cuillère.
Les prémisses d’une agriculture vertueuse
Lorsque Gérard décide que la retraite approche, il propose à sa fille, Lucie, et à son gendre, Nicolas, de reprendre l’exploitation. “Au vu de ce qu’avait construit mon beau-père, on se devait de considérer la proposition” nous confie Nicolas. Car derrière cette histoire familiale se cache celle d’un homme qui fit de son métier une fierté. Natif de Bretagne, Gérard migre en Dordogne après la guerre, avec ses parents et leurs vaches laitières. Il est alors âgé de 8 ans. Scolarisé dans la région, il quitte l’école à 14 ans, lorsque son père tombe malade, pour aider à la ferme. Endetté, il décide rapidement de réorienter l’exploitation : fini le bétail, il élève désormais des poulets fermiers qu’il commercialise lui-même auprès des particuliers de la région.
Mais lorsque la PAC modifie son fonctionnement dans les années 90 et impose de laisser les terres en jachère, Gérard décide de planter 20 hectares de noyers, jugeant préférable d’avoir des vergers que des prairies. Sa récolte, il la commercialise alors auprès de négociants. Le choix fût judicieux. “J’ai grandi avec cette vision d’un métier noble. Avec la preuve que l’on pouvait bien gagner sa vie en étant agriculteur” nous confie Lucie. Certains diront qu’il était visionnaire !
Agriculteurs 2.0
C’est avec l’idée de devenir 100% indépendants que Lucie et Nicolas reprennent les rênes de l’exploitation. Ils investissent alors dans des machines agricoles (tables de tri, fours, moulin…) et choisissent de valoriser leurs noix sous toutes ses formes : coques, cerneaux, huile et farine.
Dans l’idée de continuer à prendre du plaisir dans leur métier, de minimiser leur impact sur l’environnement et de proposer des produits de grande qualité, ils ont décidé de pratiquer l’agropastoralisme (pratique qui favorise l’utilisation des parcours et le pâturage de milieux spontanés). Ce sont donc 250 brebis qui habitent désormais les vergers (hors période de récolte) pour pâturer. Ce choix leur évite ainsi de consommer du fuel, de tasser les sols et de passer des heures perdues sur leurs tracteurs. Car l’entretien de l’enherbement est long et répétitif !
“Nous travaillons également en bio […] car nous avons besoin de lutter contre deux parasites : la mouche du brou et le carpocapse. Nous avons fait le choix de traitements ciblés qui détruisent uniquement ces parasites là.” Ainsi, ils sont attentifs aux traitements qu’ils utilisent, mais soyons réaliste, sans eux ils risqueraient de perdre une majeure partie de leur récolte en quelques années, comme ce fut le cas pour certains voisins.
Sur la halledeschefs.fr vous retrouverez leurs cerneaux, leurs huiles et leur farine.
Ce qu’il faut retenir
- Lucie et Nicolas font partie de cette nouvelle génération d’agriculteurs : dévoués à leur travail c’est indéniable, ils cherchent aussi à optimiser leurs activités pour gagner en efficacité et garder du temps pour eux et leur famille, diversifier leur production tout en améliorant la qualité de leurs produits, maîtriser leurs frais pour être rentable. Voilà une belle preuve d’une agriculture d’avenir.
- Une volonté de minimiser leur impact sur l’environnement. Leur récente pratique d’agropastoralisme confirme leur ambition de travailler le plus proprement possible. Pour travailler leurs terres, ils ont fait le choix de pratiquer des méthodes douces : tout d’abord ils enrichissent leurs terres de fumier (un mélange de fiente de poules pondeuses et de fumier de bovin) et apportent des oligo-éléments. Leur choix de traitement ciblé des parasites détruisant les noix (le carpocapse, un papillon, et la mouche du brou qui pondent leurs œufs dans la noix) permettant aux insectes (moustiques, coccinelles et papillons) de errer dans leurs vergers.
- Un travail minutieux pour offrir des produits de qualité
- Leurs noix sont triées à de multiples reprises : tout d’abord par des machines (souffleuses) puis à l’œil. Elles sont ensuite chauffées à 25/28°C pendant 72 heures faisant baisser le taux d’humidité à 9% (contrairement aux 12% habituels).
- Leur huile de pression à chaud est très légèrement chauffée (température maximale de 90°C), elle conserve ainsi les saveurs de la noix fraîche.
- Leur farine est très finement broyée, elle est ainsi peu amère et légère en bouche. Elle vous permettra d’épaissir des sauces, de paner vos viandes blanches ou encore d’agrémenter vos fonds de tarte.
Voici le goût du travail bien fait. Il ne vous reste plus qu’à tester !
9 novembre 2022 / Florence Dupin