Le poulet de race Barbezieux est l’une des plus anciennes races françaises. Originaire des alentours de la commune de Barbezieux-Saint-Hilaire en Charente, cette volaille est réputée pour la qualité de sa chair et ses énormes chapons. Brillat-Savarin en vantait d’ailleurs ses mérites : “la poule a une chair fine, savoureuse et très goûteuse” disait-il.
Volaille à croissance lente, elle a pourtant bien failli disparaître après la Seconde Guerre mondiale jugée peu adaptée par les industriels qui recherchaient des races à croissance plus rapide. C’est également la couleur de ses œufs à la coquille blanche qui a poussé les consommateurs à privilégier ce qui devenait progressivement la norme : les œufs colorés. C’est grâce à l’engagement d’une poignée d’éleveurs et désormais d’un seul homme, qu’elle subsiste encore.
Un plumage noir, une crête rouge vif, des barbillons très développés et des oreillons blancs, voici les signes distinctifs de la volaille de Barbezieux. Malgré son poids important et sa taille imposante, elle conserve une silhouette fine qui lui confère son élégance et sa grandeur.
Vincent, le dernier éleveur de volaille de Barbezieux
Vincent Piolé, agriculteur charentais, est désormais le seul à élever cette volaille. Installé à Challignac, il a repris l’exploitation céréalière familiale à laquelle il a ajouté l’élevage en 2018, lorsqu’il rejoint l’association pour la sauvegarde de la poule Barbezieux (l’ASPOUBLA). L’association a été créée en 1997 par quelques amateurs. “Les derniers éleveurs de Barbezieux sont partis à la retraite, il n’y a plus que moi pour le moment. Je ne suis pas en mesure de fournir régulièrement mes clients car je n’ai que 4 cabanes sur mon exploitation. Il faudrait que d’autres éleveurs se lancent” confie Vincent.
Une volaille exigeante
Volaille à croissance lente (elle vit entre 120 et 140 jours quand les poulets label rouge vivent environ 80 jours), de grande corpulence, elle nécessite une alimentation plus importante tant en quantité journalière que dans le temps ainsi qu’un espace de vie proportionnel à sa grandeur.
Comme le cahier des charges le définit, les volailles sont nourries au blé. Sa chair qui en résulte blanche est fine, au goût prononcé et délicat. “Je cultive du blé en agriculture raisonnée que je vends en grande partie en coopérative, le reste je le garde pour mes volailles” explique Vincent. “Je complète ensuite leur alimentation avec du lait déshydraté et des compléments alimentaires”, comme cela est fréquent dans les élevages (cf. Pierre Duplantier, l’éleveur de volailles des Chefs).
“Je fais également de la reproduction pour compléter mon élevage et être plus autonome”. Pour cela, ce sont les plus vieilles poules et les vieux coqs qui assurent la reproduction.
L’essor post Seconde Guerre mondiale des industriels aura presque détruit nos races de volailles, de porcs… Grâce à une poignée d’hommes et de femmes, certaines comme la race de Barbezieux subsistent encore. Alors soutenons leur démarche et régalons-nous de leur engagement !
4 avril 2022 / Florence Dupin