Des poissons et des plantes
“L’aquaponie est une savante combinaison de deux modèles d’élevage et de culture : l’aquaculture (élevage de poissons et d’autres organismes aquatiques) et l’hydroponie (culture hors-sol des plantes grâce à de l’eau enrichie en matières minérales)” (cf. aquaponie.fr)
Un circuit vertueux
Les poissons produisent des déchets qui nourrissent les plantes. Les plantes purifient l’eau qui repart chez les poissons (cf. schéma ci-dessous).
Plus précisément, les poissons produisent de l’urée et de l’ammoniac (lequel est toxique pour eux). Ces déchets sont transformés en nitrites (toxique également pour les poissons) puis en nitrates (l’un des trois nutriments principaux des plantes) par des bactéries hébergées par les substrats des biofiltres* installés en aquaponie. Les plantes trouvent ainsi ce dont elles ont besoin pour se développer puis purifient l’eau qui repart chez les poissons. Sans cette élimination des nutriments, les poissons finiraient par s’empoisonner avec leurs propres déjections.
Les bactéries utilisées sont présentes naturellement. On les retrouve sur les parois des récipients ou encore dans les poussières dans l’air, en petite quantité. Avec le système d’aquaponie on leur offre un hébergement pour pouvoir se développer et transformer les déchets des poissons élevés.
Les poissons
Chaque organisme vivant de cette chaîne alimentaire nécessite des conditions particulières pour bien vivre. L’idée n’est pas de réunir tous les paramètres optimaux pour chacun d’entre eux mais de créer un système compatible pour tous.
Le choix de l’espèce de poisson est donc ici primordial. Mais vous vous en doutez certainement, tous les poissons ne peuvent être utilisés en aquaponie ; parmi les principaux on retrouve les poissons rouges, les carpes, les poissons chat, les silures glanes, les perches franches et les truites. Chaque espèce a ses avantages et ses inconvénients : certains comme les poissons rouges ne sont pas “consommables” ; d’autres comme la silure glane et le poisson chat, considérés comme nuisibles, sont difficiles à trouver et ne pourront pas être relâchés lorsqu’ils deviendront trop gros ou seront en trop grand nombre. Enfin, certaines espèces sont fragiles et sensibles aux vibrations, aux variations de température et à la densité de population. Le choix de l’espèce doit donc prendre en compte ces multiples paramètres.
La truite est le poisson d’élevage le plus souvent choisi. Il est beau, bon et facile à trouver en pisciculture en France. Élevées en groupes très denses, les truites s’adaptent facilement à l’aquaponie. Poissons carnivores, elles dévorent tout ce qui rentre dans leur bouche, y compris les truites plus petites, il est donc important de séparer les individus en fonction de leur taille. L’avantage est qu’elles sont faciles à nourrir. Sa chair est délicieuse et très appréciée des consommateurs, notamment à la place du saumon. Son seul inconvénient est qu’elle ne supporte pas les eaux au-dessus de 26°C (l’optimum se situant entre 12 et 20°C). C’est notamment le choix fait par De l’eau à la bouche. Pour pallier aux fortes chaleurs estivales, Paola, Pierre, Gregory et Michael ont fait le choix de renouveler leur cheptel chaque année en vendant leurs poissons aux particuliers.
Cultiver l’eau !
On peut tout faire pousser (ou presque) en aquaponie et ceci avec une grande densité (par exemple les pommes de terre, les carottes et les oignons ont du mal à pousser car, au lieu de grandir dans la terre, ils sont immergés dans l’eau). De l’eau à la bouche a su prouver le contraire. Les plantes ne nécessitent aucun entretien particulier (pas de préparation des sols, pas de bêchage, pas de désherbage, pas d’engrais, pas d’arrosage…) et aucun traitement. Enfin, aucun risque de lombalgie car les bacs peuvent être construits à hauteur d’Homme.
Plusieurs techniques de cultures sont possibles. Vous pouvez notamment opter pour une culture sur des radeaux en polystyrène, ils permettent aussi une isolation thermique de l’eau. Car même si les plantes nécessitent beaucoup de lumière (naturelle), les racines, elles, ont besoin de fraîcheur. Les pieds dans l’eau et la tête au soleil comme certains se plaisent à le dire !
Et l’avantage de tout cela : les légumes poussent de 2 à 3 fois plus vite que dans un jardin potager classique.
Juste équilibre et optimisation
Il est primordial d’être vigilant au juste équilibre : trop peu de poissons et les plantes n’auront pas assez de nutriments et végéteront, trop de poissons risquerait à l’inverse de provoquer une pollution qui leur serait fatale.
En périodes favorables aux cultures (printemps, été, automne) il est recommandé de ne jamais laisser un espace vide, contrairement à la culture en pleine terre. Récolter et planter aussitôt permettra non seulement de purifier l’eau mais également de protéger l’installation du soleil.
Un autre conseil fréquent : varier les espèces, les plantes disposant de tous les nutriments dont elles ont besoin pour grandir ne se feront pas concurrence mais seront, au contraire, complémentaires.
Alors, convaincus ?
Biofiltre : l’ensemble des procédés qui associent une épuration biologique par cultures fixées et une rétention des matières en suspension.
Sources :
Aquaponie.fr
Aquaponie, le guide de référence, Rustica éditions, par François Petitet-Gosgnach
04 mai 2022 par Florence Dupin